Marchés Financiers

Notre point de vue sur les marchés financiers

L’année 2022 débute de manière mouvementée. Après une très belle année 2021 sur beaucoup de marchés financiers, les choses se sont nettement dégradées. C’est pourquoi nous voulons vous livrer une série de réflexions sur les événements en cours et sur leurs éventuelles répercussions qu’ils pourraient avoir sur les places financières mondiales.
Nous allons aborder 3 éléments :

  • La crise ukrainienne
  • La situation macro-économique
  • Les résultats des entreprises

La crise ukrainienne

Dans nos réflexions de fin d’année, nous avions averti que les événements en Europe de l’Est pouvaient perturber les marchés. La guerre n’est jamais réjouissante qui plus est si elle se déroule à vos portes. Poutine a mené en bateau les démocraties occidentales. Mais nous comprenons que les initiatives diplomatiques devaient être menées au bout même si elles ne pouvaient aboutir. J’espère que les pays occidentaux retiendront les leçons de l’histoire et que nos démocraties réagiront très fermement de concert.

Sans décrire la situation géopolitique, nous voulons ici revenir sur l’impact des derniers conflits sur les marchés mondiaux. Un de mes partenaires a réalisé ce petit travail d’archive et je vous le livre ci-après.

« De 1941 (Pearl Harbor) à 2003 (Guerre en Irak), les marchés actions ont plutôt bien résisté aux conflits militaires. Ils sont même en performance positive, dans la majorité des cas, dans les 90 jours qui succèdent aux premiers coups de canon. Au-delà, l’espérance mathématique de gain augmente : entre six mois et un an ils sont plus de deux fois sur trois en hausse. Quelques exemples : un an après Pearl Harbor, le S&P500 effaçait ses pertes; +9% un mois après le début de la crise des missiles de Cuba, en 1962, l’indice s’adjugeait 9% puis 32% au bout d’un an sans que la menace de guerre nucléaire ne disparaisse vraiment ; +5,6% dans le mois qui suit l’invasion soviétique de l’Afghanistan… succédant à une belle année boursière malgré la crise des otages en Iran (+24%) ; +10% un an après l’invasion du Koweït par l’Iraq, +33% un an après la guerre du Golfe, +10% un an après le coup de Gorbatchev, +28% un an après l’offensive américaine en Iraq en 2003… Bref, en dehors des crises concomitantes ou directement génératrices d’une récession ( la crise du Canal de Suez en 1956, l’embargo pétrolier de 1973 et les attentats du 11 septembre 2001 survenus en plein choc économique), le vieil adage boursier a donc tendance à se vérifier. Ce fut également le cas en 2014 : les marchés se sont peu émus de l’annexion de la Crimée par la Russie. Les sociétés occidentales sont assez peu exposées à ce marché dominé par les partenaires commerciaux locaux. Les plus sanctionnées ont été celles (assez peu nombreuses) dont les activités situées en Russie auraient pu indirectement pâtir des sanctions à l’égard de la Fédération. Mais finalement, un mois après le début d’une annexion sans résistance ni effusion de sang, le DAX ne cédait plus que 2%, le Stoxx 600 Europe 1% et les valeurs pétrolières ne sur-performent que très légèrement le reste de la cote. »

Source : DNCA

La situation macroéconomique

Comme c’est souvent le cas lors des phases de correction, le récent repli a donné lieu à de nombreuses spéculations, mais seul un fait est aujourd’hui incontestable : après avoir progressé de 27 % en 2021, l’indice S&P 500 recule de 7 % depuis le début de l’année 2022. Les opérateurs de marché avancent plusieurs théories pour expliquer ce mouvement de baisse : des facteurs techniques tendus, des valorisations élevées, un ralentissement des bénéfices et, le plus souvent, l’évolution de la politique de la Réserve fédérale (Fed) en raison d’une inflation plus persistante que prévue. Cette correction semble plus menaçante que les baisses de régime imprévues et brutales observées en 2021. Mais, à notre avis, il ne s’agit que d’une « simple » correction. Il faut néanmoins admettre que le paysage économique et le pilotage des politiques ont clairement évolué.

En 2021, face au caractère très accommodant des politiques et à la dynamique soutenue des bénéfices, les investisseurs n’ont pas hésité à « acheter sur repli ». Les tendances qui ont prévalu lors des dix années précédentes ont appris aux plus courageux des adeptes des positionnements à contrecourant à ne pas « aller à l’encontre de la Fed » et, avec un rebond des bénéfices de plus de 50 % en 2021, la dynamique était clairement du côté des intervenants haussiers. Malgré l’exposition des valorisations, dans un contexte de normalisation progressive des politiques budgétaires et monétaires, le temps n’était pas venu de parier contre la dynamique de la reprise.

Aujourd’hui, cette dynamique de l’économie et les mesures d’assouplissement des politiques des 18 derniers mois commencent à s’estomper. Nous restons convaincus que la croissance économique sous-jacente sera encore soutenue cette année et que les bénéfices pourront être nettement supérieurs aux anticipations. Toutefois, puisque les prix du marché intègrent le nouvel environnement de croissance et le changement de cap des politiques menées, les investisseurs hésitent à acheter sur repli. Nous pensons que cette période d’instabilité pourrait durer encore un peu – peut-être jusqu’à ce que le cycle de relèvement des taux de la Fed soit effectif – avant que la croissance économique et les bénéfices ne reprennent le dessus. Les derniers indicateurs économiques parus sont également encourageants.

Les résultats des entreprises

Depuis le début de l’année, les entreprises ont dévoilé de performances opérationnelles de tout premier plan. Les estimations avaient pourtant été relevées pendant toute l’année 2021 mais pas suffisamment. Durant mes trente années de présence sur les marchés financiers, je n’avais que rarement pu assister à ce phénomène : révisions en hausse des estimations des résultats et publications supérieures aux attentes. Généralement, les révisions étaient plutôt à la baisse pour permettre aux entreprises de battre le consensus…

Les discours des dirigeants sont aussi très encourageants pour 2022. L’inflation ne semble pour l’instant pas un réel problème. Il faut dire que les forces déflationnistes ont été à la manoeuvre depuis plusieurs années et avoir un peu d’inflation aujourd’hui permet de les contrebalancer. Les entreprises qui possèdent le pouvoir de répercuter la hausse de ses coûts (pricing power) seront les principales bénéficiaires de phénomène.

Conclusion

La situation ukrainienne est perturbante. Nous espérons qu’elle puisse au moins se stabiliser et que les populations civiles soient épargnées des douleurs liées à un conflit dont elles sont totalement étrangères.

Néanmoins Les prix de l’énergie risquent quand même de peser sur les économies occidentales. Cela mis à part, la situation économique reste exceptionnelle pour les marchés financiers. Et si l’inflation (hors énérgie) se calme avec la disparition des goulets d’étranglement et la mise en oeuvre de nouvelles capacités de production, la normalisation des conditions de politiques monétaires est un juste retour à la normal dont il faut presque se réjouir…

Les forces en cours sur l’économie, transition digitale et transition énergétique, continueront et leur impact sera même de plus en plus important. C’est pourquoi nous estimons que nos portefeuilles, même s’ils sont aujourd’hui testés dans leur résilience, seront gagnants dans les prochains mois.

Eugène

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