Actualités

Notre point de vue sur les marchés financiers

Traditionnellement, nous aimons à cette période de l’année faire un premier bilan. En effet, le premier quadrimestre est généralement une bonne période pour les marchés financiers et le schéma habituel d’un début d’année boursière peut se résumer ainsi : période d’investissement, premiers doutes, bons résultats des sociétés au 1er trimestre mais avec des messages de prudences pour le reste de l’année. Les investisseurs allègent leurs positions. Et nous retrouvons le bien-fondé de l’adage : « Sell In May and Go Away ».

2022 est donc totalement atypique de ce point de vue. Alors que nous pensions vivre enfin une année « normale » en sortie de la pandémie et bien orientée avec une forte reprise de l’économie mondiale, nos espérances ont été vite anéanties par le contexte géopolitique. Même si des déséquilibres étaient déjà apparents notamment en matière d’inflation, l’invasion de l’Ukraine par la Russie, au-delà du drame humain, a provoqué un changement majeur pour la situation économique du monde.

Cette crise a entraîné une augmentation marquée de nombreuses matières premières, plus par des mouvements spéculatifs que par un réel déséquilibre entre offre et demande.

Mais parallèlement des perturbations de l’offre persistent avec les nouveaux confinements en Chine imposés pour contrôler la Crise de la Covid-19. L’inflation que l’on pensait transitoire sera sans aucun doute plus élevée et plus durable. Les Banques Centrales sont sous pression et vont devoir gérer cette situation. L’inflation menace la consommation des ménages, les marges des entreprises. La hausse des taux directeurs pèse sur l’activité économique, les budgets des États par le coût de la dette, la valorisation des entreprises. Ne perdons pas à l’esprit que le retour des taux d’intérêt vers 3-4% et une inflation vers 2% ne sont qu’une normalisation de la situation économique. La période d’argent gratuit était l’exception et l’inflation permet de réduire aussi le poids relatif des dettes accumulées.

Néanmoins, notre scénario de base reste celui d’une croissance mondiale positive soutenue par la solidité des bilans, la résilience des marges et des bénéfices (notamment aux États-Unis) et la demande qui avait été refoulée pendant la pandémie. Il existe des nuances au niveau régional : la croissance européenne pourrait rester relativement plate au 2ème et au 3ème trimestre en raison des contraintes de l’offre et de l’augmentation du coût de la vie qui pèseront sur la consommation. Aux États-Unis, la hausse des prix de l’énergie pourrait freiner la croissance, mais il est peu probable qu’elle provoque un véritable ralentissement de l’activité maintenant que le pays est largement indépendant sur le plan énergétique. En bref, la croissance sera peut-être ralentie, mais nous pensons qu’elle restera positive et proche de la tendance.

Le ralentissement de la croissance (sans récession) et la hausse de l’inflation (impliquant une politique monétaire plus stricte) engendrent de la volatilité à mesure que les prix des actifs s’adaptent à ce nouvel environnement, c’est ce que nous avons observé ces quatre derniers mois.

D’un point de vue technique, les actions sont survendues et les valorisations sont moins défavorables. Mais après les résultats sans éclat du quatrième trimestre 2021, nous doutons que les révisions de bénéfices puissent catalyser une nouvelle hausse des actions d’ici la fin de la publication des résultats du premier trimestre 2022, en supposant même que les prévisions des entreprises s’améliorent par rapport au ton prudent des derniers rapports trimestriels.

La hausse de l’inflation engendre également des inquiétudes quant aux marges bénéficiaires des entreprises, surtout dans les régions et les secteurs fortement consommateurs d’énergie et de matières premières. L’augmentation globale de la productivité devrait toutefois atténuer l’impact de la hausse des coûts salariaux, de sorte que les marges pourraient dans l’ensemble se révéler plus résistantes que prévu. L’Europe nous semble plus vulnérable à une hausse des coûts susceptible de peser sur les marges, alors que les marges américaines semblent davantage protégées. C’est la raison pour laquelle nous surpondérons toujours les actions américaines avec une légère sous-pondération des actions européennes. Nous conservons pour le moment une pondération neutre des actions des marchés émergents (EM), en surveillant de près l’évolution du COVID-19 et de la politique monétaire en Chine pour guetter les signes d’une amélioration des perspectives des actions émergentes.

Nous allons toutefois répartir nos risques et rééquilibrer nos positions vers des thématiques encore plus d’actualité : indépendance et transition énergétique, transformation digitale, sécurité. Les actions résisteront à la hausse des taux d’intérêt tant que les bénéfices des entreprises continuent de croître, même si les titres value devraient profiter davantage de la persistance de l’inflation et de la remontée des taux d’intérêt que les valeurs de croissance.
Dans l’ensemble, nos opinions d’allocation reflètent la réalité du ralentissement de la croissance, sans pour autant anticiper une récession. S’il est vrai que les risques pesant sur la croissance ont augmenté et que le resserrement des conditions financières constitue un vent contraire, nous pensons que la croissance mondiale restera proche de la tendance en 2022. Lorsque les risques commenceront à s’estomper, cela pourrait offrir la possibilité d’une hausse des actifs risqués dans le courant de l’année.

Et pour finir sur une note d’optimisme, les crises ont toujours existé mais finalement les périodes de croissance sont bien plus nombreuses et puissantes.
En restant à votre disposition si vous voulez approfondir sur le sujet.

A2

Recent Posts

Notre point de vue sur les marchés financiers

Le début de l'année 2023 a été marqué par une série de développements économiques et…

9 mois ago

Tempête sur le secteur bancaire : Notre regard sur cet événement

Depuis la semaine dernière, les bourses mondiales sont secouées par une nouvelle crise. Dans un…

1 an ago

Bilan 2022 et perspectives 2023

L'exercice de la prédiction est difficile. Il est rare que les événements se déroulent tels…

1 an ago

Notre point de vue sur les marchés financiers

La nervosité est encore de mise sur les marchés financiers. Deux grand événements perturbent toujours…

2 ans ago

Notre point de vue sur les marchés financiers

L’année 2022 débute de manière mouvementée. Après une très belle année 2021 sur beaucoup de…

2 ans ago

Le CAC à 7000 ! Quelles perspectives pour 2022 ?

Il y a 2 ans presque jour pour jour, j'écrivais dans cette chronique un article…

2 ans ago